Flat tax : bientôt une hausse à 36 % sur vos placements financiers ?
FINANCIER | 4 min. de lecture
Sommaire
Qu’est-ce que la flat tax ?Pourquoi le gouvernement veut-il augmenter la flat tax ?Quels placements seraient impactés ?Impact concret : combien perdez-vous avec une hausse ?Conséquences économiques et politiquesQuelles stratégies adopter ?Calendrier législatif à suivreÀ retenirDepuis plusieurs semaines, une rumeur enfle dans les milieux financiers : le gouvernement envisagerait d’augmenter la flat tax (Prélèvement Forfaitaire Unique – PFU) actuellement fixée à 30 %. Cette mesure, qui s’inscrirait dans un contexte de déficit public élevé et de pressions budgétaires, pourrait transformer en profondeur la rentabilité des placements financiers des Français. Assurance-vie, PEA, comptes-titres, livrets bancaires : aucun actif soumis à la fiscalité classique ne serait épargné.
Cet article propose une analyse complète, détaillée et actualisée des enjeux autour d’une possible hausse de la flat tax à 33 % ou 36 %, ses conséquences pour votre épargne, les stratégies à adopter et le calendrier législatif à surveiller.
Qu’est-ce que la flat tax ?
La flat tax, ou Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU), a été instaurée par le gouvernement d’Emmanuel Macron en 2018 dans le but de simplifier la fiscalité de l’épargne et attirer les investisseurs. Elle regroupe deux composantes principales :
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12,8 % d’impôt sur le revenu ;
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17,2 % de prélèvements sociaux.
Le tout forme un taux unique de 30 % appliqué aux revenus du capital : dividendes, intérêts, plus-values mobilières, ainsi qu’une partie des gains issus des contrats d’assurance-vie.
Avant 2018, la fiscalité était plus complexe : barème progressif pour l’impôt sur le revenu, taux spécifiques selon les produits, abattements variables. La flat tax a donc représenté un tournant en offrant plus de lisibilité et une fiscalité compétitive face à d’autres pays européens.
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Pourquoi le gouvernement veut-il augmenter la flat tax ?
Huit ans après sa mise en place, le contexte budgétaire a radicalement changé.
La dette publique française a atteint près de 3 345 milliards d’euros fin mars 2025, soit 113,9 % du PIB, et son coût annuel avoisine 60 milliards d’euros. Parallèlement, le déficit public prévu pour 2025 est de 5,4 % du PIB, bien au-dessus des engagements européens.
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a affirmé vouloir rétablir une « justice fiscale » tout en réduisant le déficit. Dans ce cadre, l’augmentation de la flat tax est étudiée comme levier de financement rapide. Selon des informations relayées par Politico et Les Échos, deux scénarios dominent :
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un passage à 33 % dès 2025, déjà évoqué lors des débats budgétaires précédents ;
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une hausse à 36 %, scénario plus radical, qui aurait été sondé auprès d’acteurs économiques.
Cette augmentation rapporterait plusieurs milliards d’euros à l’État sans toucher directement aux revenus du travail, ce qui en fait une mesure politiquement envisageable dans un contexte où la population réclame plus d’équité fiscale.
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Quels placements seraient impactés ?
Tous les produits financiers ne seraient pas concernés de la même manière. Voici un panorama complet des gagnants et perdants.
Placements préservés
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Livret A, LDDS, LEP, Livret Jeune : les intérêts restent exonérés d’impôt et de prélèvements sociaux. Par exemple, un Livret A rémunéré à 3 % sur 10 000 € continuera à rapporter 300 € nets.
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Plan Épargne Retraite (PER) en phase d’épargne : les versements demeurent déductibles du revenu imposable. La fiscalité s’appliquera au moment de la sortie, mais le taux futur dépendra de la réglementation alors en vigueur.
Placements directement touchés
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Assurance-vie : les contrats de plus de 8 ans conservent un abattement annuel de 4 600 € pour une personne seule et 9 200 € pour un couple, mais le taux appliqué au-delà augmenterait mécaniquement. Les contrats récents ou fortement alimentés seraient davantage pénalisés.
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PEA (Plan d’Épargne en Actions) : exonéré d’impôt sur le revenu après cinq ans, mais soumis aux prélèvements sociaux. Une hausse des cotisations sociales réduirait l’avantage net du PEA.
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PEL et CEL ouverts depuis 2018 : déjà soumis à la flat tax, ils subiraient pleinement l’augmentation. Les anciens PEL (ouverts avant 2018) pourraient conserver leur régime privilégié, sauf si le gouvernement décide d’augmenter aussi les prélèvements sociaux.
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Comptes-titres ordinaires : ils seraient les grands perdants. Dividendes, plus-values et intérêts seraient directement taxés au nouveau taux.
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Livrets bancaires fiscalisés : déjà faiblement rémunérateurs, ils deviendraient encore moins attractifs.
Impact concret : combien perdez-vous avec une hausse ?
Pour bien comprendre, prenons un exemple simple : un épargnant réalise 1 000 € de gains imposables (dividendes, plus-values, intérêts).
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Aujourd’hui, avec une flat tax à 30 %, il conserve 700 € net.
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Si le taux passe à 33 %, il garderait 670 € net, soit 30 € de moins.
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Avec une hausse à 36 %, il ne toucherait plus que 640 € net, soit 60 € de perdus.
Sur un portefeuille de 100 000 € générant 5 % de rendement brut, une hausse de 30 % à 36 % représenterait 3 000 € d’impôts supplémentaires par an. Pour les gros patrimoines financiers, l’impact peut devenir significatif.
Conséquences économiques et politiques
Un signal négatif pour l’investissement
La flat tax avait été conçue pour stimuler l’investissement en France. Une hausse à 36 % enverrait un message contraire et risquerait de décourager les particuliers d’investir dans les entreprises françaises via la Bourse ou des fonds actions.
Un débat politique explosif
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Pour Emmanuel Macron, revenir sur cette réforme phare constituerait un désaveu politique majeur.
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Pour Sébastien Lecornu, la hausse est présentée comme une mesure de justice fiscale dans un contexte de mécontentement social.
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L’opposition pourrait exploiter le sujet pour dénoncer un « impôt sur l’épargne » visant les classes moyennes supérieures.
Le sujet promet donc des débats tendus au Parlement, avec un risque d’incertitude fiscale prolongée qui pourrait impacter les marchés et la confiance des épargnants.
Quelles stratégies adopter ?
En attendant la décision finale, plusieurs leviers permettent de limiter l’impact d’une hausse de la flat tax :
Utiliser les abattements de l’assurance-vie
Conserver ou ouvrir des contrats de plus de huit ans permet de bénéficier d’un abattement annuel de 4 600 € (9 200 € pour un couple) avant application de l’impôt. Il peut être pertinent de planifier ses rachats pour rester sous ces seuils.
Diversifier ses enveloppes fiscales
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PEA : reste intéressant malgré une éventuelle hausse des prélèvements sociaux, grâce à l’exonération d’impôt sur le revenu après cinq ans.
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PER : avantageux pour les contribuables fortement imposés grâce à la déduction fiscale des versements.
Privilégier les placements défiscalisés
Les livrets réglementés (Livret A, LDDS, LEP) restent intouchables et assurent un rendement net garanti.
Réaliser certaines plus-values avant la hausse
Si la réforme entre en vigueur en 2026, arbitrer ses portefeuilles avant l’augmentation permet de cristalliser des plus-values au taux actuel de 30 %.
Explorer des stratégies patrimoniales plus sophistiquées
L’immobilier (SCPI, démembrement), certains fonds non cotés ou des montages patrimoniaux spécifiques peuvent permettre de réduire la fiscalité tout en diversifiant les risques.
Calendrier législatif à suivre
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Début octobre 2025 : présentation du projet de loi de finances 2026 au Conseil des ministres.
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Avant le 13 octobre 2025 : dépôt officiel à l’Assemblée nationale.
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Octobre à décembre 2025 : débats parlementaires sur une période de 70 jours.
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Janvier 2026 : entrée en vigueur potentielle si le texte est adopté ou mis en œuvre par ordonnance.
À retenir
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La flat tax pourrait passer de 30 % à 33 % ou 36 % dès 2026.
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Les produits les plus exposés sont : assurance-vie récente, PEA (via les prélèvements sociaux), comptes-titres et livrets bancaires fiscalisés.
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Les livrets réglementés restent totalement exonérés.
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Une hausse à 36 % pourrait réduire jusqu’à 6 % le rendement net des placements financiers.
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Les épargnants doivent dès maintenant anticiper et ajuster leur stratégie pour optimiser leur fiscalité.
Faisons le point sur votre
Aucun investissement n’est garanti sans risques. Chaque investissement comporte des risques spécifiques (fluctuations des marchés financiers, risque de change, risque de liquidité, risque de perte en capital partielle ou totale, risques liés au marché immobilier – liste non exhaustive).
Chaque investissement a une durée de détention recommandée ; l’attention de l’investisseur est attirée sur le fait de bien vérifier l’adéquation de cette durée avec ses objectifs et sa situation.
Le traitement fiscal dépend de la situation individuelle de chaque client et est susceptible d'être modifié ultérieurement. Les avantages fiscaux ne doivent pas constituer la seule motivation d’un investissement.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
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