Comment l’héritage des boomers va bouleverser l’économie française ?
PATRIMOINE | 4 min. de lecture
Sommaire
Un transfert de richesse massif et inéditL’explosion des transmissions patrimoniales : un enjeu macroéconomique majeurL’impact sur les inégalités et la mobilité socialeLes conséquences sur le marché de l’immobilierL’enjeu fiscal et budgétaire pour l’ÉtatDe nouvelles dynamiques d’investissementVers une économie héritée ?En brefLa France s’apprête à vivre un choc patrimonial sans précédent. D’ici 2040, les baby-boomers, génération née entre 1946 et 1964, vont transmettre une part considérable de la richesse nationale à leurs enfants et petits-enfants.
Ce transfert de patrimoine colossal, estimé à plus de 1 000 milliards d’euros par décennie, va profondément transformer la structure économique, sociale et fiscale du pays.
Mais comment ce phénomène historique va-t-il réellement bouleverser l’économie française ?
Un transfert de richesse massif et inédit
Les baby-boomers sont la génération la plus riche de l’histoire moderne.
Bénéficiant d’une période de forte croissance économique, d’une explosion de la valeur immobilière et de systèmes de retraite généreux, ils ont accumulé près de 60 % du patrimoine total détenu par les ménages français.
Selon les estimations de la Banque de France et de France Stratégie, près de 600 milliards d’euros d’héritages sont aujourd’hui transmis chaque année — un chiffre en constante augmentation depuis vingt ans.
Cette manne colossale va désormais changer de mains : les générations X et Y, puis les millennials, vont hériter d’un patrimoine considérable, souvent sous forme d’immobilier, d’épargne financière et d’actifs productifs.
Il s’agit d’un véritable changement d’équilibre patrimonial : d’une génération épargnante à une génération consommatrice et digitalisée.
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L’explosion des transmissions patrimoniales : un enjeu macroéconomique majeur
Cette vague d’héritages massifs constitue un moteur potentiel pour l’économie française, mais elle pourrait aussi en accentuer les fractures.
Tout dépendra de la manière dont ces capitaux seront utilisés, investis ou consommés.
D’un côté, une partie de ces héritages viendra alimenter la consommation, notamment dans les secteurs du logement, des loisirs, de la santé et du tourisme.
De l’autre, une proportion croissante sera réinvestie dans les marchés financiers, les produits d’épargne à long termeet l’immobilier locatif.
Ce transfert massif pourrait également modifier la dynamique des marchés :
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Hausse continue des prix immobiliers dans les grandes villes et zones côtières.
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Tensions accrues sur le marché locatif, du fait d’une concentration du patrimoine immobilier.
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Flux d’investissements financiers plus importants dans les produits boursiers et obligataires.
En somme, cette révolution patrimoniale pourrait soutenir la croissance, tout en renforçant les inégalités de richesse si elle reste concentrée entre certaines catégories sociales.
L’impact sur les inégalités et la mobilité sociale
Le grand paradoxe de cet héritage générationnel est qu’il profite surtout à ceux qui sont déjà favorisés.
En France, 10 % des ménages détiennent plus de la moitié du patrimoine total. Les enfants des classes aisées recevront des legs importants, tandis que les ménages modestes resteront à l’écart de cette manne.
Ce phénomène risque d’accroître les écarts de patrimoine et de réduire la mobilité sociale.
Autrement dit, le patrimoine deviendra plus encore un facteur d’héritage que de mérite.
Les économistes alertent sur ce risque de "France à deux vitesses", où une partie de la population vit de revenus du travail, et l’autre de revenus du capital.
Sans réforme en profondeur de la fiscalité successorale ou une politique de redistribution efficace, le pays pourrait voir se figer les positions sociales sur plusieurs générations.
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Les conséquences sur le marché de l’immobilier
L’immobilier, qui constitue plus de 65 % du patrimoine transmis, sera au cœur de cette transformation.
Les héritages des boomers vont alimenter massivement le marché, entraînant :
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une accélération des ventes de biens anciens ;
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une hausse de la demande dans les zones attractives ;
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et une pression supplémentaire sur les prix dans les grandes métropoles.
Les jeunes héritiers, souvent primo-accédants ou investisseurs, pourraient en profiter pour constituer leur premier patrimoine immobilier, mais au prix d’une hausse généralisée de la demande.
En parallèle, de nombreux boomers vendront leurs résidences principales pour libérer du capital ou financer leur dépendance, ce qui devrait rééquilibrer certaines zones rurales ou périurbaines.
Cette redistribution des biens immobiliers pourrait aussi modifier la géographie économique française, en redynamisant certaines régions délaissées et en réorientant les flux de population.
L’enjeu fiscal et budgétaire pour l’État
Le transfert de richesse massif qui s’annonce représente également un défi majeur pour les finances publiques.
La fiscalité successorale française, déjà parmi les plus élevées d’Europe, est devenue un sujet explosif sur le plan politique.
Aujourd’hui, chaque héritier en ligne directe bénéficie d’un abattement de 100 000 euros sur la part reçue, renouvelable tous les quinze ans.
Au-delà, les transmissions sont taxées jusqu’à 45 %, selon le barème progressif.
Mais face à la taille du phénomène, certains plaident pour une réforme de la fiscalité des successions, afin d’éviter une concentration excessive du capital.
Deux visions s’opposent :
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Les partisans d’une fiscalité plus redistributive, pour corriger les inégalités de naissance.
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Et ceux qui défendent la propriété privée et la transmission familiale, perçues comme un moteur de stabilité économique.
Quel que soit le scénario, l’État devra arbitrer entre justice sociale et attractivité économique, tout en anticipant l’effet de ce transfert sur les recettes fiscales et la consommation.
De nouvelles dynamiques d’investissement
Les héritiers de demain ne gèrent pas leur argent comme leurs parents.
Les générations Y et Z ont grandi dans un contexte d’incertitude économique, de taux d’intérêt bas et de transition écologique.
Elles sont plus enclines à diversifier leurs placements et à privilégier :
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les placements durables et responsables (ESG) ;
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les fonds indiciels (ETF) pour leur simplicité et leurs faibles coûts ;
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les investissements alternatifs (private equity, cryptomonnaies, immobilier fractionné, etc.).
Cette évolution des comportements d’épargne va transformer le paysage financier français, en accélérant la digitalisation des placements et en renforçant la désintermédiation bancaire.
Les nouveaux héritiers ne se contenteront pas de thésauriser : ils chercheront à donner du sens à leur argent.
Vers une économie héritée ?
La multiplication des transmissions patrimoniales pourrait, paradoxalement, affaiblir la dynamique entrepreneuriale si le capital hérité est mal orienté.
Une société où la richesse provient principalement de l’héritage plutôt que du travail risque de ralentir l’innovation et la prise de risque.
Mais à l’inverse, si ce capital est investi intelligemment, il peut soutenir la croissance, financer la transition énergétique et relancer la productivité.
Les politiques publiques auront donc un rôle clé pour canaliser cet afflux de liquidités vers les secteurs stratégiques : logement, industrie verte, infrastructures, santé et éducation.
Le véritable enjeu de cette décennie sera de transformer un choc générationnel en levier économique durable.
En bref
L’héritage des baby-boomers va profondément remodeler la structure économique et sociale française.
Entre opportunité historique et risque d’inégalités accrues, ce transfert massif de richesse pose une question fondamentale : comment orienter cette manne vers une économie plus équitable, productive et résiliente ?
La réponse dépendra de trois facteurs clés :
la fiscalité successorale, la culture financière des héritiers, et la capacité de l’État et des entreprises à canaliser ce patrimoine vers l’investissement productif.
Si la France réussit ce pari, le choc patrimonial des boomers pourrait devenir l’un des moteurs majeurs de sa croissance à long terme.
Aucun investissement n’est garanti sans risques. Chaque investissement comporte des risques spécifiques (fluctuations des marchés financiers, risque de change, risque de liquidité, risque de perte en capital partielle ou totale, risques liés au marché immobilier – liste non exhaustive).
Chaque investissement a une durée de détention recommandée ; l’attention de l’investisseur est attirée sur le fait de bien vérifier l’adéquation de cette durée avec ses objectifs et sa situation.
Le traitement fiscal dépend de la situation individuelle de chaque client et est susceptible d'être modifié ultérieurement. Les avantages fiscaux ne doivent pas constituer la seule motivation d’un investissement.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
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