Succession : comment renforcer les droits du conjoint survivant ?
FINANCIER | 4 min. de lecture
Sommaire
Les droits légaux du conjoint survivantLa donation entre époux : un outil essentiel pour renforcer la protection du conjointLes avantages concrets de la donation entre épouxLe cantonnement : un mécanisme de souplesse et d’équilibreUne stratégie patrimoniale complète et sécurisanteEn brefDans le cadre d’une succession, la protection du conjoint survivant reste l’un des enjeux les plus sensibles du droit patrimonial.
Malgré les évolutions législatives favorables, le conjoint n’est pas toujours pleinement protégé face aux autres héritiers, notamment lorsqu’il se retrouve en indivision avec les enfants du couple ou d’unions précédentes.
Les difficultés de gestion commune, l’impossibilité de vendre ou de gérer certains biens sans accord unanime, ou encore la précarité du logement familial sont des situations malheureusement fréquentes.
Pour y remédier, il existe plusieurs leviers juridiques puissants, au premier rang desquels la donation entre époux et le mécanisme du cantonnement, qui permettent d’accroître efficacement les droits et la sécurité du conjoint survivant.
Les droits légaux du conjoint survivant
Sans aménagement particulier, le Code civil accorde déjà au conjoint survivant des droits légaux sur la succession du défunt.
Mais ces droits varient selon la composition familiale et peuvent se révéler insuffisants.
En présence d’enfants
Le conjoint survivant peut choisir entre deux options :
-
1/4 de la succession en pleine propriété ;
-
ou la totalité en usufruit.
Ce choix n’est toutefois possible que lorsque tous les enfants sont issus du couple.
En revanche, en présence d’un enfant d’une autre union, le conjoint survivant n’a droit qu’au quart en pleine propriété, sans option pour l’usufruit.
En présence d’ascendants (parents du défunt)
Le conjoint hérite de :
-
3/4 de la succession en pleine propriété, s’il ne reste qu’un parent vivant ;
-
1/2, si les deux parents sont encore vivants.
En l’absence d’enfants et d’ascendants
Le conjoint recueille l’intégralité de la succession, sauf sur certains biens de famille qui peuvent revenir aux frères et sœurs du défunt.
Ces droits, bien que protecteurs, laissent souvent place à une indivision entre le conjoint survivant et les enfants.
Cette indivision peut être source de blocage : toute décision importante (vente, donation, gestion locative, arbitrage patrimonial) exige un accord unanime.
Dans les familles recomposées, cette situation peut rapidement devenir un facteur de tension ou de paralysie successorale.
La donation entre époux : un outil essentiel pour renforcer la protection du conjoint
La donation entre époux, encore appelée donation au dernier vivant, constitue le moyen le plus efficace pour améliorer la situation du conjoint survivant.
Facile à mettre en place (par acte notarié) et révocable à tout moment, elle permet d’élargir considérablement le choix des droits offerts au conjoint au moment du décès.
Grâce à cette donation, le conjoint survivant pourra opter entre :
-
La totalité de la succession en usufruit ;
-
1/4 en pleine propriété et 3/4 en usufruit ;
-
Ou encore la quotité disponible en pleine propriété, c’est-à-dire la part dont le défunt pouvait disposer librement :
-
1/3 en présence d’un enfant,
-
1/4 avec deux enfants,
-
1/4 également avec trois enfants ou plus.
-
Ces options permettent d’adapter la succession à la réalité du couple, à l’âge du conjoint survivant, à la valeur des biens, ou encore à la situation des enfants.
Un exemple concret
Dans l’hypothèse d’un patrimoine de 600 000 euros, une épouse âgée de 68 ans peut, grâce à la donation entre époux :
-
choisir l’usufruit total du patrimoine, estimé selon le barème fiscal à 40 % de la valeur du bien, soit 240 000 euros d’usufruit ;
-
ou opter pour 1/4 en pleine propriété (150 000 euros) et 3/4 en usufruit (180 000 euros), représentant une valeur économique plus équilibrée ;
-
ou encore demander la quotité disponible en pleine propriété (200 000 euros), ce qui lui confère davantage d’autonomie patrimoniale.
Cette souplesse, encadrée par le notaire, garantit une meilleure sécurité financière et juridique pour le conjoint survivant.

Les avantages concrets de la donation entre époux
La donation entre époux offre une protection sur mesure du conjoint :
-
Elle lui assure la jouissance du patrimoine familial (habitation, revenus locatifs, placements) tout au long de sa vie.
-
Elle permet d’éviter une indivision ingérable avec les enfants, notamment sur la résidence principale.
-
Elle favorise une transmission progressive : à son décès, les enfants récupèrent les biens en pleine propriété sans nouvelle fiscalité.
L’un de ses atouts majeurs réside dans son efficacité fiscale :
le conjoint survivant est totalement exonéré de droits de succession, quel que soit le montant reçu.
Ainsi, il conserve la totalité des biens transmis sans coût fiscal immédiat.
Le cantonnement : un mécanisme de souplesse et d’équilibre
Le cantonnement est un outil complémentaire souvent méconnu, mais particulièrement utile.
Il permet au conjoint survivant, au moment du décès, de choisir librement la part qu’il souhaite effectivement recevoir parmi les droits issus de la donation ou du testament.
Autrement dit, il peut limiter ses droits à ce dont il a réellement besoin, et laisser le reste directement aux enfants.
Ce mécanisme présente plusieurs avantages :
-
il allège la fiscalité future (IFI, revenus fonciers) ;
-
il évite une indivision trop lourde ;
-
il accélère la transmission d’une partie du patrimoine ;
-
il permet d’adapter la répartition successorale à la situation économique du moment.
Le cantonnement est expressément reconnu par l’article 1002-1 du Code civil, qui autorise tout légataire à accepter partiellement son legs.
Il s’applique naturellement dans le cadre d’une donation entre époux, offrant au conjoint une liberté d’arbitrage postérieure au décès.
Une stratégie patrimoniale complète et sécurisante
L’association donation entre époux + cantonnement constitue la solution la plus complète pour renforcer les droits du conjoint tout en préservant l’équilibre familial.
Elle permet de :
-
protéger le conjoint survivant contre les aléas financiers et juridiques ;
-
préserver la cohésion familiale en évitant les blocages d’indivision ;
-
et assurer la transmission harmonieuse du patrimoine à la génération suivante.
Cette approche globale transforme la succession en un outil de gestion patrimoniale intelligente, plutôt qu’en une simple opération de partage.
En pratique, il s’agit d’un acte simple, peu coûteux, mais d’une efficacité juridique considérable.
En bref
La protection du conjoint survivant ne doit jamais être laissée au hasard.
Les droits légaux offrent un socle, mais ils ne suffisent pas toujours à garantir l’autonomie et la sécurité financière du survivant.
Grâce à la donation entre époux, complétée par le cantonnement, il est possible d’anticiper la transmission, de réduire les tensions successorales et d’assurer au conjoint la pleine maîtrise de son cadre de vie.
Ces dispositifs constituent aujourd’hui le cœur d’une stratégie successorale moderne et équilibrée, conciliant protection, souplesse et efficacité fiscale.
Ils traduisent une conviction simple : préparer sa succession, c’est avant tout protéger la personne qu’on aime.
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Le traitement fiscal dépend de la situation individuelle de chaque client et est susceptible d'être modifié ultérieurement. Les avantages fiscaux ne doivent pas constituer la seule motivation d’un investissement.
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