Pays à fiscalité avantageuse : où s’exilent les grandes fortunes ?
PATRIMOINE | 3 min. de lecture
Sommaire
Vers un alourdissement de la fiscalité du capital en FranceLes pays européens multiplient les régimes d’attractionUne compétition mondiale désormais chiffréeLes nouvelles frontières de la fiscalité : crypto et innovationUn risque d’isolement fiscal progressifEn bref : entre compétitivité et équité fiscaleAlors que la France s’interroge sur un possible alourdissement de la fiscalité du capital, de nombreux pays rivalisent d’ingéniosité pour séduire les grandes fortunes. Entre régimes « non-dom », flat tax réduite et exonérations ciblées, l’Europe du Sud, les Émirats arabes unis et les États-Unis s’imposent comme les nouveaux refuges des hauts patrimoines. Une tendance qui illustre le risque d’exil fiscal et l’érosion progressive du capital investi en France.
Vers un alourdissement de la fiscalité du capital en France
Le débat sur la taxation des grandes fortunes refait surface dans un contexte de déficit public croissant. Parmi les pistes évoquées figure une contribution exceptionnelle sur les patrimoines élevés, mais aussi une hausse de la flat tax, actuellement fixée à 30 %, qui pourrait atteindre 33 % dans les prochains mois.
Si la suppression de l’ISF en 2017 avait marqué une rupture, la France demeure l’un des pays les plus fiscalisés de l’OCDE. Les droits de succession y atteignent jusqu’à 45 % au-delà de 1,8 million d’euros entre parents et enfants. À titre de comparaison, l’Italie applique un taux de seulement 4 % après un abattement d’un million d’euros. Cette différence nourrit un sentiment d’injustice fiscale et encourage les départs des contribuables fortunés vers des cieux plus cléments.
Les pays européens multiplient les régimes d’attraction
Face à cette situation, plusieurs pays européens ont mis en place des régimes fiscaux taillés pour attirer les hauts revenus.
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Italie : le régime de « resident non dom » permet de plafonner l’impôt sur les revenus étrangers à 200 000 € par an pendant 15 ans. En 2023, plus de 1 200 nouveaux contribuables aisés ont choisi l’Italie, un chiffre qui devrait doubler en 2024.
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Portugal : les rapatriés fiscaux bénéficient d’une exonération de 50 % de leurs revenus d’activité pendant 5 ans, dans la limite de 250 000 € par an. Depuis 2019, plus de 37 000 personnes ont profité de ce dispositif.
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Grèce : un régime forfaitaire proche du modèle italien attire les nouveaux résidents fortunés, notamment des retraités européens.
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Suisse : la stabilité juridique et l’imposition sur la dépense en font une destination privilégiée des grands patrimoines.
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Émirats arabes unis : à Dubaï, l’absence totale d’impôt sur le revenu et des conditions d’installation simplifiées expliquent une explosion du nombre de millionnaires, avec +9 800 nouveaux arrivants attendus en 2025.
Une compétition mondiale désormais chiffrée
Le dernier Henley Private Wealth Migration Report confirme une accélération historique des mouvements de capitaux et de résidences fiscales. En 2025, 142 000 millionnaires devraient changer de pays, un record mondial depuis dix ans.
Les destinations les plus attractives sont :
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Émirats arabes unis (+9 800)
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États-Unis (+7 500)
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Italie (+3 600)
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Suisse (+3 000)
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Portugal (+1 400)
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Grèce (+1 200)
À l’inverse, la France perd environ 800 résidents fortunés par an, se classant parmi les pays les moins attractifs, derrière l’Espagne et l’Allemagne. Une fuite qui ne concerne plus uniquement les entrepreneurs, mais aussi les cadres dirigeants, investisseurs et retraités à haut patrimoine.
Les nouvelles frontières de la fiscalité : crypto et innovation
La concurrence fiscale ne se limite plus aux revenus et au patrimoine : elle s’étend désormais aux actifs numériques et à l’innovation financière.
Aux États-Unis, la suppression de l’impôt sur les plus-values liées aux cryptomonnaies est envisagée pour stimuler l’investissement dans les nouvelles technologies. En revanche, la France maintient une taxation de 30 % dès la conversion des cryptomonnaies en euros, freinant l’attractivité du pays auprès des investisseurs de l’économie digitale.
Cette divergence illustre le décalage entre les politiques fiscales européennes et la réalité économique d’un monde globalisé et digitalisé.
Un risque d’isolement fiscal progressif
Alors que l’Europe du Sud multiplie les initiatives favorables aux investisseurs, la France semble suivre une trajectoire inverse. Les réformes envisagées — hausse des prélèvements, durcissement successoral, taxation accrue du capital — risquent d’accentuer la désaffection des hauts patrimoines et de réduire les investissements productifs.
Dans un environnement où les capitaux circulent librement, la fiscalité devient un levier stratégique d’attractivité. Un impôt « raisonnable » ne signifie pas une perte de recettes, mais un outil d’équilibre pour stabiliser les flux d’investissement, retenir les talents et préserver la base fiscale nationale.
En bref : entre compétitivité et équité fiscale
La fiscalité des grandes fortunes reste un enjeu politique majeur en France. Mais dans un monde où les mobilités financières s’accélèrent, la compétitivité fiscale est devenue une condition de souveraineté économique. Les Émirats arabes unis, l’Italie, le Portugal et la Suisse l’ont compris : en allégeant la pression sur les investisseurs, ils favorisent à la fois l’investissement, la croissance et la stabilité budgétaire.
À l’heure où Paris réfléchit à une hausse des impôts sur le capital, d’autres capitales bâtissent leur prospérité sur l’attractivité fiscale. Et si le véritable enjeu n’était plus de taxer davantage, mais de taxer intelligemment ?
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