Les entreprises familiales face à la transmission : enjeux et solutions

Un choc générationnel se profile dans le paysage entrepreneurial français. Selon une étude publiée en 2023, plus de la moitié des PME et ETI devront organiser la transmission de leur capital et de leur gouvernance dans les dix prochaines années. Ce volume est trois fois plus important que celui observé lors de la décennie précédente, ce qui aura des conséquences majeures, tant sur le plan économique que social. Les entreprises familiales, qui constituent une part importante de l’économie, se trouvent particulièrement concernées. Pourtant, malgré une vision à long terme, beaucoup de dirigeants tardent à anticiper ce tournant crucial.

Une préparation à la transmission encore insuffisante

Malgré les enjeux, la préparation à la transmission reste insuffisante dans de nombreuses entreprises familiales. En effet, selon les données récentes, 47 % des dirigeants âgés de 60 à 69 ans n’ont toujours pas de plan de succession formalisé. Ce chiffre reste élevé même chez les dirigeants plus âgés : 36 % des dirigeants de plus de 70 ans n’ont pas encore anticipé leur départ. Cela représente un réel manque de préparation, alors même que la transmission d'une entreprise est un processus complexe qui nécessite une planification rigoureuse.

L’absence de plan de succession structuré a des conséquences directes sur la réussite de la transmission. En effet, seuls un tiers des passages de la première à la deuxième génération aboutissent à un succès. Ce déficit de préparation s’explique principalement par une méconnaissance des dispositifs existants, comme le pacte Dutreil, qui permet pourtant de bénéficier d’avantages fiscaux non négligeables. Une autre cause majeure de ce manque de préparation réside dans l'absence d'une organisation structurée du passage de relais, ce qui complique la transmission et met en péril la pérennité de l’entreprise.

Les freins humains et psychologiques à la transmission

La transmission d’une entreprise familiale n’est pas uniquement une affaire juridique ou fiscale. Les raisons de l’échec de cette transmission sont souvent humaines et psychologiques. Parmi les principaux freins, on retrouve :

• L’absence de communication claire entre les membres de la famille,

• Les non-dits et les attentes implicites non exprimées,

• Le sentiment d’iniquité entre héritiers, notamment lorsque certains souhaitent prendre la relève tandis que d'autres préfèrent se désengager.

La légitimité du futur dirigeant, l’équité au sein de la fratrie et le rôle des héritiers qui ne participent pas directement à l’entreprise sont des sujets sensibles qui doivent absolument être anticipés et discutés en amont. Le manque de communication autour de ces questions peut créer un climat de méfiance et générer des tensions qui nuisent à la transmission harmonieuse de l'entreprise.

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Le risque de tensions familiales : une réalité à anticiper

En France, la logique d’égalité successorale entre les héritiers peut entrer en contradiction avec la réalité économique de l’entreprise familiale. Ainsi, répartir les titres de l'entreprise de manière égalitaire entre les enfants, alors qu'un seul d’entre eux souhaite réellement s'impliquer dans le développement de l'entreprise, peut entraîner des tensions familialesconsidérables.

Ce phénomène conduit parfois les dirigeants à opter pour la cession pure et simple de leur entreprise, plutôt que de laisser un héritier s'en charger. Cette décision peut être perçue comme une solution plus simple pour éviter les conflits familiaux, mais elle peut aussi entraîner la perte de contrôle sur l'entreprise et de lourdes conséquences à long terme.

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Les alternatives de transmission : un légèrement plus grand choix

La cession de l’entreprise ne se limite pas uniquement à des repreneurs externes. Une alternative encore trop peu exploitée mais intéressante est la transmission aux salariés. Bien que marginale, cette option mérite d’être explorée davantage, car elle permet à l’entreprise de rester dans le cercle familial et d’assurer sa pérennité tout en impliquant les collaborateurs de manière plus active.

Parmi les solutions possibles, on retrouve notamment :

• La reprise collective par un groupe de managers (MBO - Management Buy Out),

• La reprise par un collectif de salariés, via une structure coopérative, ce qui permet d’étendre la participation des collaborateurs.

Cependant, cette solution demeure encore marginale en raison du manque d’avantages fiscaux comparables à ceux offerts par des mécanismes comme le pacte Dutreil, qui favorise la transmission à des membres de la famille ou à des héritiers directs. La fiscalité avantageuse en vigueur pour les héritiers directs reste donc un facteur déterminant dans le choix de la méthode de transmission.

Le rôle de Bpifrance dans le soutien à la transmission

Pour accompagner les PME et ETI face à ce défi, Bpifrance a mis en place un plan Transmission, lancé en mai 2025. L’une des mesures phares de ce plan consiste à mettre à disposition un prêt pouvant atteindre jusqu’à 5 millions d’euros, sans garantie personnelle, afin de faciliter les reprises et d'élargir les solutions de financement. Cela permet aux entreprises familiales de mieux se préparer et de financer la transmission de leur capital sans trop de contraintes.

Ce soutien financier constitue une véritable bouffée d'oxygène pour les dirigeants d'entreprises familiales, en particulier ceux qui souhaitent garantir la pérennité de leur entreprise tout en facilitant la transition vers la prochaine génération ou vers des repreneurs salariés.

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En bref : l'importance d'anticiper la transmission des entreprises familiales

La transmission des entreprises familiales est un enjeu stratégique majeur pour la pérennité de ces structures, mais elle reste un défi complexe. La planification de cette transmission, tant sur le plan juridique, fiscal qu'humain, est essentielle pour garantir la continuation des activités sans heurts. Le manque de préparation, notamment l'absence de plan de succession formalisé et la difficulté à résoudre les tensions familiales, sont des freins importants qui nécessitent d’être pris en compte très en amont.

Dans ce contexte, il est plus important que jamais pour les dirigeants d’entreprises familiales de se faire accompagnerpar des professionnels qualifiés, afin d'optimiser la transmission de leur capital et de leur gouvernance dans les meilleures conditions possibles.